Ainsi s'achève une vie. Un sentiment étrange qui varie selon les personnes, puis plus rien pendant un instant, avant de finalement apercevoir le chemin, la route. Un coup de couteau, un tir, un accident de voiture, un crash aérien, un bateau qui sombre, un cœur qui s'arrête, du poison qui se répand, des poings qui brisent, une chute, une lame de rasoir, un compte à rebours qui se termine, du feu qui réduit en cendres, une respiration coupée... Des gens meurent chaque jour. Des vies s'arrêtent pour telle ou telle raison, ou sans qu'il n'y en ait. Les rencontres que l'ont fait, les choix, la vie que l'on mène, les ancêtres que nous avons, tout nous destine à une seule et unique finalité : la mort. Mais tous déterminent les circonstances et le moment. La mort fait partie intégrante de la vie, et on sait tous qu'un jour elle viendra nous chercher. La question que l'on nous pose parfois est "as-tu peur de la mort ?" et la réponse qui vient n'est autre que "oui, tout le monde en a peur". Mais dans ces moments là, on ne se rend pas compte d'à quel point on est en train de mentir. Parce qu'aucun de nous n'a réellement peur de la mort. On a peur qu'elle nous cherche au mauvais moment, de la mauvaise manière, et on a peur de ce qui peut arriver ensuite. Parce que "l'après" ne tient plus du rationnel, et que ça nous effraye. Personne n'a peur de la mort parce que nous sommes tous conscient que la vie a une fin. Nous sommes destinés à mourir, c'est dans l'ordre des choses. Voilà la réalité de la vie, et celle de la mort.
Mais une fois que la Grande Faucheuse est venue nous chercher, l'affaire se corse. Qu'est-ce qui nous arrive ? On nous a toujours parlé de paradis, d'enfer, de fantômes qui errent... Le paradis est une notion bien particulière, et lorsque vous y êtes, rien ne vous permet de prétendre vous trouver dans l'au-delà tel qu'on se l'imagine. Les âmes errantes à jamais sont bien réelles, mais perdues, déboussolées, et souvent différentes de ce qu'on aurait pu penser. Quant à l'enfer... Chacun le ressent d'une manière différente. Ce qui est sûr, c'est que de ces trois possibilités, c'est la plus vraie. L'enfer existe. Le décor de feu n'est qu'une image, car en réalité, l'apparence de cet endroit est différente suivant les yeux de l'observateur. Il prend la forme la plus terrifiante pour l'âme condamnée, et peut aussi bien être une cage de flammes qu'un bloc de glace, en passant par la forêt sombre et la pièce blanche sur-illuminée. Les personnes se retrouvant ici peuvent venir de milieux très variés, mais auront tous suivi l'une des Quatre Routes. Ces "routes" sont les quatre uniques moyens de finir en enfer. La première route se nomme Destinée. Toutes les personnes mauvaises la suivent. Ceux qui ont fait le mal, le mal à l'état pur, qui ont répandu la souffrance, qui ont tué... La seconde route est appelée Malédiction. Elle est empruntée par les personnes qui ont été maudites. Il suffit d'un serviteur de Satan suffisamment puissant envoyé sur terre pour maudire une âme, n'importe quelle âme. La troisième route porte le nom de Pacte. Par ce chemin passeront les êtres humains qui ont signé un accord avec un démon. Demander n'importe quoi, en échange de son âme, en sachant qu'à sa mort, la personne finira dans les profondeurs... La dernière route est Décision. C'est un chemin très rarement emprunté. Une fois chaque siècle à ce qu'on dit. Par là passent ceux qui ont choisi cette voie. Il faut être fou, mais certains ont des raisons relativement bonnes, bien qu'elles tiennent souvent de la démence. Et ce sont les quatre seuls moyens d'arriver en enfer.
Ce qui s'y passe ? C'est différent pour chaque âme. Vos plus grandes peurs deviennent réalité, vous êtes enfermé à jamais là-dedans, il n'y a pas de fin, pas même de repère temporel. On finit par vous proposer des marchés en tous genres qui vous rendront inhumain -au sens propre du terme-. Le seul moyen de rester vous-même est de résister, car à partir du moment où on cède, c'est pour toujours, sans chemin de retour. On vous largue littéralement dans l'arène des gladiateurs et il faudra vous battre pour rester fort. Vous battre contre d'autres, contre vos peurs, contre des créatures sorties de vos pires cauchemars et des entrailles de la terre, contre la mort elle-même, et surtout : contre vous-même.
En mourant, vous prendrez l’apparence que vous aviez ou auriez eu lors des meilleures années de votre vie. Ainsi, succomber à l'age de 105 ans ne vous empêchera pas de passer l'éternité dans le corps de vos 30 ans. Si vous décédez à 8 ans, il se peut très bien que vous vous retrouviez avec le look que vous auriez arboré à 18 ans. Plus rien n'est rationnel ici. Ce qui persiste de votre vie d'avant est votre tempérament, mais aussi vos relations. Une fois là en bas, pas d'inquiétude quant à votre cercle social : vous ne serez pas isolé. Vous aurez la possibilité de fréquenter d'autres âmes en détresse. Vous n'oublierez pas non plus votre vie et votre mort ne sera pas une zone obscure pour vous.
Mais dites vous bien que tous ceux que vous rencontrerez là en bas, dans les profondeurs, ces êtres ne sont pas de nature très pure. Outre les démons et autres créatures diaboliques, outre Satan, le maître absolu des lieux, vous croiserez des êtres humains, des âmes comme la vôtre. Mais personne n'est totalement innocent. Coupables d'avoir fait le mal, d'avoir trop demandé jusqu'à en perdre le plus important, coupables d'avoir tenté le diable et d'avoir provoqué un être maléfique, s'attirant ainsi la colère d'un serviteur de Satan, coupables de simple folie. Quelle que soit la route qui vous a mené ici, vous êtes coupable d'un péché. Et la punition pour les pécheurs est de finir en Enfer.